PEDRÒN

En guise d'introduction…..(d'après un texte de La Ronda)

- Fin Février de l'an passé, nous reçûmes une mystérieuse lettre adressée à « Mr le Directeur, Président, Coadjuteur… ? de La Ronda. » Dans cette lettre, Pedròn, un des personnages les plus attachants de nos montagnes: « le diable du Musée de Serrablo », nous demandait, à travers son ami Enrique Satué, « Directeur Volontaire » de ce musée, notre aide en faveur des enfants du monde.
En nous inspirant du livre d'Enrique, nous avons écrit cette chanson dont tous les droits ainsi que ceux du livre seront reversés à l'UNICEF. -

 

Pedròn était un petit diable
qui vivait à Escartìn.
Là bas, en haut dans le «Sobrepuerto»,
dans son grenier, il était heureux.

Il volait dans les tiroirs
des croûtons de pain dur,
et quand tout le monde dormait
il les mangeait devant le foyer.

Il aimait beaucoup la grand-mère,
et la grand-mère l'aimait encore plus;
à coups de balai, plus d'une fois,
elle lui laissa le derrière bien chaud.

S'il faisait peur aux enfants,
à lui, on lui faisait peur deux ou trois fois plus…
Quelle vie on ne peut plus misérable
que celle d'un Esprit montagnard!…

…La fête se termina.
Pourquoi les gens partirent-ils?…
Tout seul sur le banc autour du foyer
il s'ennuya de nombreuses années.

Et un jour, face au porròn,
lui vint l'inspiration:
-Je pourrais vivre sans croûton ni vin;
mais sans enfants, à quoi bon?…

Pedròn, Pedròn,
quel pif rouge tu as!
Pedròn, Pedròn,
je vois le cul du porròn!
Pedròn, Pedròn,
les enfants ont besoin de toi,
Pedròn, Pedròn,
sors de ce tonneau, larron!

Quand enfin partit Pedròn,
les marches des escaliers gémirent.
Le tonneau de vin vieux
tourna au vinaigre.

Dès qu'il ferma la porte
on entendit un gémissement;
la maison mit un genou
à terre et s'effondra.

En pleurant, pauvre diable,
il alla même jusqu'à Paris.
-Il n'y a plus de place pour moi,
maintenant sur cette terre sans Esprits.

-Les papis en maisons de retraite,
les papas, au boulot!
C'est la télé qui commande à la maison:
-…Plus d'histoires, et au lit-

Alors il décida,
-sans l'aide du porròn-
de s'offrir comme guide
au Musée du Serrablo.

Dans le grenier, il s'installa,
et gagna l'amitié des enfants:
-Mon Dieu, disait-il en riant, ces enfants
sont plus diablotins que moi !-

Pedròn, Pedròn,
papa ne joue pas avec moi.
Pedròn, Pedròn,
c'est la télé qui nous éduque!
Pedròn, Pedròn,
les enfants ont besoin de toi.
Pedròn, Pedròn,
sors de ce tonneau, larron!

Au fond d'une vitrine
du Musée, il découvrit
le grand balai de mamie
et le berceau du petit.

Gardien de l'humble trésor
de son monde disparu,
Pedròn redevint heureux
en le montrant aux enfants.

Mais un jour, aux informations,
il vit quelque chose triste à pleurer:
de par le monde il y a beaucoup d'enfants
maltraités et sans pain.

Alors il remplit sa musette de croûtons
et se mit au travail.
…Où un enfant a faim,
cherche le et tu le rencontreras.

…Ainsi s'achève la chanson.
Qu'est devenu Pedròn?
Si tu montes aux Pyrénées,
va au Musée et dis le moi

…Peut-être y est-il ou peut-être pas;
de par le monde, il va et vient
comme un yoyo, apportant aux enfants,
des croûtons de pain et d'amour.

Pedròn, Pedròn,
ne crois pas que tu sois seul!
Pedròn, Pedròn,
je veux un monde meilleur!
Pedròn, Pedròn,
les enfants ont besoin de toi,
Pedròn, Pedròn…

Pedròn, Pedròn,
de temps à autre, viens à la maison
Pedròn, Pedròn,
...moi je te garde le porròn!

 

Sobrepuerto: Région montagnarde où se situent des villages aujourd'hui dépeuplés.
Parmi eux: Escartìn, village de Pedròn; Ainielle où se situe l'action du livre de Julio Llamazarès «La pluie jaune».

Musée du «Serrablo»: En venant de Huesca, à l'entrée de Sabiñanigo, à «El Puente» se trouve le «Museo Angel Orensanz y Artes de Serrablo». C'est là, dans le grenier, que vit Pedròn depuis 1992…

Le «porròn»: Cruche de verre au long bec pour boire à la régalade.

 

Paroles et musique: Manuel Domínguez
Traduction: Jean-Claude Dutilh