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Devant cette porte fermée il y a si longtemps que la « ronda » ne s'est pas arrêtée. A travers cette petite fenêtre aujourd'hui si sombre, en d'autres temps on entendait chanter des berceuses. Février après fèvrier, éternel hiver, à cette porte, la vie maintenant n'est plus venue frapper. La neige tombera comme tombe la nuit, sereine et silencieuse, elle couvrira le toit. Silence et neige, les poutres craqueront. Hiver après hiver, à combien résisteront-elles ? Mais je ne suis pas ici pour pleurer, vous êtes mon peuple et ces monts sont mon foyer. C'est pourquoi je sais qu'il ne suffit pas de pleurer; si la maison s'effondre, redressons-la !. Salut à tous ceux qui ont vécu ici, nous foulons votre seuil avec respect. Vieux seigneurs qui avez fait cette maison, combien de générations avez-vous vu passer ! Si la maison s'effondre, vous devrez vous lever du banc de notre mémoire. Votre souvenir comme un fragile lierre, ne peut se maintenir qu'uni à ces murs. S'il tombe, son voyage sera sans retour; aucun printemps ne pourra vous faire revenir. Mais je ne suis pas ici pour pleurer, vous êtes mon peuple et ces monts sont mon foyer. C'est pourquoi je sais qu'il ne suffit pas de pleurer; si la maison s'effondre, redressons-la. Le buis bénit, les serres de rapace ne servirent à rien; même avec les croix taillées sur la porte et les épouvantails à sorcières, nous ne pûmes effrayer ces sorcières qui volaient par décret et nous chassèrent sans entrer dans les maisons. L'absence tisse un noir trousseau de veuve, de mur à mur, avec de sales toiles d'araignées. Ouvrez chaque été ces fenêtres; ce qu'elle a tissé en un an, nous le détisserons ! Je ne suis pas ici pour pleurer vous êtes mon peuple et ces monts sont mon foyer. C'est pourquoi je sais qu'il ne suffit pas de pleurer ; si la maison s'effondre, redressons-la ! Ta maison n'est pas seulement un tas de pierres, la tour que le temps abattra; c'est plus qu'un toit, c'est un lien de sang entre ceux qui y vécurent et ceux qui y vivront; un radeau qui, sur le fleuve des siècles, avec ses troncs unis, naviguera très loin. Les feux de l'automne doreront les hêtres, et une étincelle sacrée allumera le vieux foyer. Et à nouveau debout, les cheminées effondrées arboreront avec orgueil une bannière de fumée. Je ne suis pas ici pour pleurer vous êtes mon peuple et ces monts sont mon foyer. C'est pourquoi je sais qu'il ne suffit pas de pleurer; si la maison s'effondre, redressons-la ! Mais non, mais non, nous ne devons pas pleurer !, ensemble nous formons un peuple et ceci est notre lieu. Que jamais plus nous ne nous contentions de pleurer ! Si la maison s'effondre… …du banc de notre mémoire: la « cadiera » Banc qui entourait la cheminée aragonaise. Tant que la maison reste debout, les anciens qui y ont vécu, resteront « assis » sur le banc de la mémoire des vivants. Un radeau ... avec ses troncs unis: la « navata ». Embarcation qui se construisait en attachant entre eux les troncs à transporter sur la rivière.
Paroles et musique: Manuel Domínguez |
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