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LE PAYS PERDU |
tu étais pays perdu.
Mon vieux Comté, seigneur des montagnes
tu te laissais mourir.
Perdue la fierté, perdu le futur,
perdu, pays perdu.
Pays de silences, d'absences et d'oublis,
tristes montagnes et solitude.
Pays sans histoire, peuple sans racines,
chêne qui se dessèchera:
Tu étais de trop Pays, ils voulaient seulement l'eau,
les montagnes et l'électricité.
Les cartes continuèrent à porter ton nom.
Impossible de t'oublier !
Promontoires altiers et fleuves en crue
criaient « Nous sommes encore là ! ».
Mais divisés et sans livrer bataille
peu à peu nous te perdîmes.
Peut-être les gens qu'ils firent partir
t'emmenèrent-ils par petits morceaux,
ou peut-être reposes-tu endormi et en paix,
sous les eaux noires d'un lac de barrage,
comme les ruines de « San Beturiàn »
au pied de la « Peña Montanesa ».
J'invoque ton nom Pays du Sobrarbe !
Haut les cœurs, il faut se réveiller !
J'invoque ton nom, pays de mes pères,
pays de mes fils tu seras,
si se réveille le peuple qui écrivit les Chartes
et sut créer l'Aragon.
Des Pyrénées à la Sierra de Guarra,
chaque lieu est mon lieu:
l'Ara et le Cinca, le Cinqueta et la Fueva,
Sobrarbe entier, tu es mon foyer.
Une maison divisée est une maison qui tombe,
et ensemble nous allons te relever.
Venez dieux qui dormez sous un dolmen !
Guerriers et Saints venez !:
fils de l'histoire et de nos légendes,
nous vous demandons aide. Venez !
Traversez maintenant les cols, vieux guerriers,
reconquérons le pays !
Vents froids de janvier, orages d'août,
sonnez le tambour sans arrêt !
si nous allons unis, livrer cette bataille,
les éclairs à nouveau poseront
une croix de feu sur le chêne,
et le Sobrarbe renaîtra.
Une croix de feu sur le chêne
et le Sobrarbe renaîtra.
Il existe dans le Sobrarbe encore des villages avec ses gens, ses histoires, ses traditions… Malheureusement cette identité d'un Peuple n'a pas été prise en compte par les pouvoirs publics lors du développement des infrastructures économiques.
...Ils voulaient seulement l'eau, les montagnes et l'électricité. (des lacs de retenue, des parcs naturels et bientôt des stations de ski, des centrales électriques...)
San Beturiàn: San Victoriàn: Saint Victorien
le peuple qui écrivit les Chartes: « Los Fueros » : Lois, privilèges qui étaient concédés à une ville, un territoire ou une classe sociale.
...une croix de feu sur le chêne: Au temps de l'occupation musulmane, les Chrétiens arrivèrent à la Villa d'Ainsa sous le commandement de Garci-Jiménez et après une dure bataille parvinrent à la prendre. Les Sarrazins, pour la reconquérir, marchèrent sur la Villa avec une grande armèe et rencontrèrent une armée de Chrétiens, très inférieure en nombre. Au moment de l'attaque, une croix rouge et lumineuse apparut en haut d'un chêne. Grâce à cet appui « divin » les Chrétiens remportèrent la bataille...
Pour commémorer cette victoire, on éleva sur les lieux de l'affrontement la « Cruz Cubierta » ou « Cruz de Sobrarbe »
Paroles et musique: Manuel Domínguez
Traduction: Jean-Claude Dutilh